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Le goût des mots

Le goût des mots

Auteur : Marmottine Babarde

Les voici quelques uns, aimant se regrouper,
Pour un temps culinaire des plus sophistiqués.
Réunis en un cercle symbole d'équité,
Impatients de s'y mettre, ils se sont attablés.

Chacun a concocté son menu favori,
Prêt à le partager pour ouvrir l'appétit.
L'un d'eux ouvre la bouche, on sent que c'est parti,
La ronde sirupeuse déverse ses envies.

En entrée, l'on déguste sans trop ouvrir les dents,
Une soupe chuintante d'alexandrins coulants,
Qui se glissent sans faim, sans que passe le temps,
Tandis que les oreilles engloutissent le chant.

Puis suit en exotique, un plat typique indien,
Dont le parfum s'attarde quand l'épice revient.
On en reprend encore, cela ne coûte rien,
Et jusqu'au dernier grain, il danse en musicien.

S'enchaînent peu à peu ces mots qui étourdissent,
Leurs saveurs enivrantes, les invités réjouissent.
A gorge déployée, de joie, ils réagissent,
Avalant sans retenue les vers comme complice.

Et voici le dessert, et son complet mielleux,
De touches aériennes quand il se fait crémeux,
Chacun de s'envoler sur un astre neigeux,
Et retourne à sa place le ventre voluptueux.

Ainsi le goût des mots ravit jusqu'au dernier :
Ceux qui n'avaient pas faim, se trouvent rassasiés.
On se dit à bientôt pour savourer encore
Ce que la langue donne en délicieux trésor.

Marmottine Babarde

Le Hibou et la Coccinelle

Auteur : Marmottine Babarde

Au cœur de la forêt habite un vieux Hibou,
Son cœur est si grincheux qu'il peste contre tout.
Ainsi toutes les bêtes même le moindre pou
Refusent de venir lui mordiller le cou.

A deux pas de son arbre, une jeune Coccinelle
Se trouve si jolie en agitant ses ailes,
Qu'elle ne fait attention aux voisines querelles,
Ainsi elle se contente d'être belle et rebelle.

Afin de pavaner, elle saute sur les feuilles
En croisant des oiseaux et quelques écureuils ;
Quand elle voit le hibou, elle se risque à l'écueil
Et pour se faire bien voir lui grimpe sur son œil.

- "Ne voyez vous monsieur comme je suis jolie,
Mes points sont le reflet d'un corps qui s'embellit,
Sentez comme avec moi, vous serez anobli,
Et ainsi porterez fièrement ma coquetterie."

Le hibou si gêné par la bête à ses yeux,
Se met un coup de griffe et devient balafreux,
En écrasant la belle que l'on dit du bon Dieu,
Retourne à son humeur dans un élan hargneux.

La beauté n'atteint pas le cœur des malotrus
Ils n'ont ni politesse ni aucune vertu.
La beauté va souvent avec un grand égo :
Sachez rester discret devant les plus salauds.

Marmottine Babarde

La Chenille et la Coccinelle

Auteur : Marmottine Babarde

Sur une branche bien juteuse
Deux vampes à l'âme querelleuse
Se disputaient pour savoir celle
Qui aurait droit sur la parcelle.
C'est la Chenille qui commença
A débiter son pugilat...

"- J'étais là la première, cette feuille est à moi,
Vous n'en avez que faire car vous n'en mangez pas.
- Je veux m'y reposer", déclara Coccinelle,
"- Le vent et la rosée ont affaibli mes ailes."
"- Vous pouviez vous poser à bien d'autres endroits,
Vous vous êtes empressés de venir jusqu'à moi.
- Que nenni, demoiselle, j'étais juste fourbue
Et c'est sur cette branche que j'ai vite accouru.
- Et bien que maintenant vous êtes reposée,
Vous pourrez repartir sans trop vous offusquer.
- Je vois là qui fourmillent de goutus pucerons.
J'en ferai mon repas, sans vouloir vous dire non !"

La Chenille se gonfla et se montrant de haut :
"- chacun doit reconnaître quand le bateau prend l'eau !"
Et elle alla pousser au delà du rebord
La jeune Coccinelle qui d'un instinct retors,
S'envola sans siller pour aller se poser
Sur la tête de celle qui voulait la coincer.

"- Je vous laisse la feuille, ici j'ai meilleure vue,
Les fourmis s'amoncellent, sur votre dos tordu,
Je n'aurai qu'à attendre qu'elles viennent jusqu'à moi,
Sans avoir à revoir votre regard sournois."

La Chenille eut beau faire, essayant de se tordre,
Elle n'arriva jamais à son ennemi mordre.
Jusqu'à attendre l'heure de sa transformation,
Elle dut supporter la grande humiliation.
La Coccinelle transie d'avoir ainsi gagner,
Resta séant perchée sans plus oser bouger.

Quand deux mégères cherchent leurs poux
Elles pourraient bien vous rendre fou,
Alors surtout laissez les faire
Elles pourriront dans leur calvaire.

Marmottine Babarde